Le 11 juillet 2015, François Schortgen a définitivement posé ses pinceaux. Né le 11 octobre 1935 à
Esch-sur-Alzette, il découvre la peinture à l'âge de 13 ans, une passion qui ne faiblira jamais, même face
aux épreuves de la fatigue et de la maladie. Lauréat du 1er Prix Quinquennal d'Art moderne en 1983,
François Schortgen est devenu une figure emblématique de l'art luxembourgeois contemporain grâce à son
approche non figurative et à la dimension philosophico-écologiste de ses œuvres.
Sa relation profonde avec la nature marquait toute sa démarche artistique. Tel un personnage de
Jack London, il n'hésite pas, à 19 ans, à partir aux États-Unis pour vivre plusieurs mois en Alaska et dans
le Nord-Ouest. Là-bas, il découvre les arts inuit et amérindiens qui le fascinent et nourrissent son
imaginaire. Les vastes étendues glacées, les croyances et les cultures des peuples autochtones enrichiront
durablement son œuvre, tandis que le chamanisme affinera sa conscience et ses prédispositions
visionnaires.
De retour au Luxembourg, François Schortgen poursuit son voyage, tant physique qu'introspectif.
Dans les années 80, ses périples en Asie introduisent dans son art de nouvelles influences, celles de la
calligraphie et de la poésie sino-japonaise. Le peintre s'élève alors au-delà des limites terrestres, explorant
les limbes et les profondeurs. Ses tableaux, saisissants, plongent les spectateurs dans un univers
silencieux, à la fois immaculé comme les banquises et aride comme les déserts. À travers ses paysages, il
célèbre la beauté et la puissance de la nature tout en dénonçant les souffrances infligées par l'humanité,
souvent par ignorance ou avidité.
Sa peinture tellurique, fait de lui un intercesseur entre les hommes et la nature. En s'attardant
devant ses toiles, on peut presque entendre la glace craquer, ressentir les vibrations secrètes de la terre.
Chaque œuvre reflète à la fois les beautés évanescentes du monde naturel et les mystères profonds de
notre condition humaine. François Schortgen avait ce talent unique d'évoquer, d'une touche incisive ou
d'un empattement subtil, la mémoire des cultures et les fragilités humaines. Ses tableaux, souvent
traversés d'une ombre discrète, étaient parfois illuminés en leur cœur par un point rouge, symbole d'une
âme errante, reflet de l'artiste lui-même, témoin des forces naturelles qu'il s'efforçait de traduire .
François Schortgen concevait son travail en trois étapes essentielles : la contemplation des
paysages, la méditation sur les échos intérieurs qu'ils suscitaient en lui, puis la sublimation sur la toile, à la
manière d'un haïku où s'entremêlent instantanément et émotion. Artiste abstrait, lyrique et matiériste, il
était le chef d'orchestre des métamorphoses subtiles de la nature, où tout n'est que perpétuel changement.
Voyageur et poète, il invitait chacun à l'introspection à travers ses récits picturaux d'une infinie sensibilité.
François Schortgen, par la richesse et la profondeur de son œuvre, continue sans nul doute de nous guider
et de nous émouvoir.
Organisateur
Becker
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Galerie Schlassgoart Pavillon du Centenaire ArcelorMittal
Esch-sur-Alzette
Luxembourg
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